Jour 1: De l'Abbaye Notre-dame des Neiges à Chasserades 16 km
Le voyage que raconte ce petit livre me fut très agréable et avantageux. Après un début singulier, j’ai eu meilleure chance à la fin. Mais nous sommes tous des voyageurs dans ce que John Bunyan nomme le désert de ce monde – tous, aussi, des voyageurs avec un âne et ce que nous trouvons de meilleur en route c’est un loyal ami. Bienheureux le voyageur qui en trouve plusieurs ! Nous courons le monde, en fait, pour les rencontrer. Ils sont le but et la récompense de la vie. Ils nous gardent dignes de nous-mêmes et, lorsque nous sommes seuls, nous sommes simplement plus près de l’absent.
Tout livre est, dans sa signification secrète, une lettre ouverte aux amis de l’auteur. Eux seuls en pénètrent l’esprit ; ils découvrent des messages particuliers, des assurances d’affection et des témoignages de gratitude insérés à leur intention à toutes les pages. Le public n’est qu’un patron généreux qui acquitte les frais de poste. Pourtant, quoique la lettre soit adressée à tout le monde, c’est pour nous une vieille et aimable coutume d’en faire expressément hommage à une seule personne. De quoi un homme pourrait-il être fier, sinon de ses amis ? Et, dès lors, mon cher Sidney Colvin, c’est avec orgueil que je me déclare, ici, vôtre affectueusement. RL..STEVENSON.
Je me réveille à 6h. J'ai bien dormi, Samba à mes pieds. Je regarde par la fenêtre: Il n'y a pas de nuages, le ciel est clair. Le soleil se lève doucement.
Je me prépare et je vais prendre mon petit déjeuner. Une ricore, du pain, du beurre, de la confiture. Avec moi, il y a un couple qui randonne également avec un chien, des anglais. Mais leur chien est vieux, ce sera sa dernière randonnée.
Je laisse mon obole dans l'urne affecté à cet effet. Ici, vous pouvez dormir, manger, méditer, vous reposer, on ne vous demande rien sinon que de laisser de quoi permettre au monastère de continuer de fonctionner.
Un dernier regard pour ce lieu accueillant et nous partons. Moi, mon sac chargé à plein et Samba avec son sac de bât contenant ses croquettes pour la durée du voyage.
Il a beaucoup de succès avec. Les gens posent plein de questions. Le prennent en photo. Et ce tout au long de notre périple.
Il est 6h30, les oiseaux chantent, il n'y a que nous. La journée nous appartient. Le soleil se lève peu a peu et dore les arbres, les fleurs. La nature sent si bon...
C'est parti pour une petite étape de 16km.
Après deux kilomètres dans la forêt, j'arrive de nouveau à La Bastide Puylaurent. Le village est endormi. Le petit commerce fermé, tant pis pour le pique-nique. Mais je prends le temps de boire un café. Puis nous repartons. Le chemin traverse la voie ferrée puis monte doucement vers un sentier surplombant la vallée.
Je traverse des paysages magnifiques, apaisants. Des forêts de pins, des prairies ou chantent les grillons. Les fleurs sont partout. C'est si beau.
Mon esprit continue de fonctionner trop vite, je n'ai pas encore perdu mes réflexes de citadine surbookée. Mais, je sens l'apaisement venir, doucement, subrepticement. Je sens mon visage se détendre et je me surprends à sourire sans raison. C'est si bon, si rare.
Aucune difficulté sur cette étape : les chemins sont larges et agréables, il y a très peu de dénivelé.
Le GR est très bien balisé. En fait, pour éviter de me répéter, je peux dire ici que tout au long du chemin, il est impossible de se tromper, sauf à se montrer tête en l'air. Le GR70 est indiqué à chaque croisement, il suffit d'être attentif. Et lorsque nous croisons d'autres GR comme le 7, le 68 ou le 72, ils sont indiqués également. La carte et le Topo guide sont un excellent complément pour s'instruire et mesurer le chemin parcouru.
Durant ces six jours, j'ai vu des genets en fleurs, partout. Illuminant de jaune intense le vert de la nature si présent dans ces régions.
Je traverse une rivière et Samba s'en donne à coeur joie. Il est comme un enfant dès qu'il voit une rivière. D'ailleurs, au cours de ces six jours de marche, les seules fois ou il est parti en courant loin de moi c'est lorsqu'il entendait, au loin, le doux bruit d'un cours d'eau. L'appel irrésistible de la fraîcheur !
Je n'ai croisé que deux randonneurs aujourd'hui. J'ai échangé quelques mots avec eux, comme avec tous ceux que je croise durant mon voyage.
Mais je marche trop vite !!! Je me connais pourtant, cette sale manie de toujours tout faire vite. Même en s'arrêtant plusieurs fois, j'arrive à Chasserades à 10h30. 16 kilomètres, environ 100 mètres de dénivelé positif.
Peu importe. Je rejoins la Ferme de Prat Claux, plante ma tente avec une facilité déconcertante, merci Ferrino. Je gonfle mon petit matelas, il est hyper rapide à gonfler, il me semble fin mais on verra bien. Une douche, lavage de mes vêtements, et voilà. Je suis installée pour ma première nuit.
La ferme est un petit camping familial. Les propriétaires vendent des produits faits sur place ( saucisse et terrines ). Je suis la seule en tente mais il y a quelques mobil-homes occupés. L'accueil est sympathique. Je peux charger mon téléphone dans la pièce contigüe aux sanitaires.
Je pars au village qui se trouve à environ 1 kilomètre, fais quelques provisions pour le soir et le lendemain. Je croise à l'épicerie des marcheurs rencontrés à l'abbaye, et je vais déjeuner au restaurant du village. Vu que je suis avec Samba, je suis priée de rester côté bar, à l'extérieur. Mais ça me va très bien. Je déjeune d'une salade, accompagnée d'une bière. Le pain est bon.
A Chasseradés, vous pouvez trouver un camping municipal, un hôtel-restaurant, une petite épicerie qui ouvre à 08h00 et des chambres d'hôtes. C'est un tout petit village avec une belle église.
Retour au camping. Je me repose, au calme, Samba dort. Puis nous repartons nous promener. Je suis pieds nus, c'est bon. Samba se jette comme un enfant dans un ruisseau boueux puis se roule dans la bouse de vache, c'est ignoble, mais nous sommes heureux.
Samba aboie courageusement après les vaches, mais s'enfuit en courant dès que l'une d'entre elle s'approche avec curiosité de cette chose noire et blanche !
Retour au camping, le temps est à nous. Je ne fais rien, vraiment rien. C'est tellement inhabituel pour moi. La journée touche à sa fin. Petit pique-nique frugal partagé avec Samba. Puis nous filons sous la tente.Je me demande si je vais parvenir à dormir. Moi qui suis si trouillarde en dehors de la ville. Maix curieusement, durant toute cette escapade, je n'ai pas peur, c'est étrange.
La nuit est entrecoupée de réveils, mais finalement, le matin revient...